Mannarino, toujours plus haut

Adrian Mannarino a décroché ce samedi à Sofia le cinquième titre de sa carrière, le troisième de sa saison, après une finale éreintante face à Jack Draper. A 35 ans, il ne cesse de progresser et finira la saison à son meilleur classement.

Adrian Mannarino - Sofia 2023 trophée Valentina Petrova/AP/SIPA

Adrian Mannarino aurait bien mérité de relâcher totalement la pression avoir avoir puisé assez loin au fond de lui-même pour remporter une finale éreintante de 2h17, ce samedi à Sofia face à Jack Draper (7-6(6), 2-6, 6-3), pour décrocher dans la capitale bulgare le troisième titre de sa saison, après Newport en juillet (sur gazon) et Astana début octobre (en indoor également). Mais le Français devait rester connecté encore un peu, au moins le temps de suivre le résultat de la la finale d’Ugo Humbert à Metz. Pour savoir si, oui ou non, il allait terminer la saison en position de numéro 1 français. Et ainsi pouvoir en tirer un bilan définitif.

Mannarino disait se désintéresser de cet accessit purement honorifique à ses yeux, le classement ATP restant pour lui prioritaire. On comprend l’idée, mais justement : le résultat de la finale du Moselle Open devait aussi changer des choses au classement ATP. En cas de défaite de son ami et compatriote, “Manna” aurait battu son meilleur classement (22e en mars 2018). Finalement, Ugo a gagné et il a dû se contenter de l’égaler. Ce qui, à 35 ans, reste une sacrée performance et donne une couche de brillant supplémentaire au superbe tableau d’ensemble que constitue, quoi qu’il en soit, sa saison 2023.

Tout cela ne change rien non plus à la superbe finale qu’il a réussie à Sofia pour faire capituler un Jack Draper bien meilleur que son classement (82e) pourrait le laisser supposer. Désormais débarrassé des soucis physiques qui ont entravé sa progression depuis un an, le jeune Britannique de 22 ans, qui était 38e en début de saison, n’a pas terrassé pour rien la tête de série numéro 1 du tournoi, Lorenzo Musetti, plus tôt dans la semaine. Grand, complet, à la fois puissant et régulier, il n’est pas passé à côté de sa première finale sur le circuit, loin de là.

Entre les deux gauchers, le combat a été âpre, à la fois sur le plan physique mais aussi sur le plan tactique. Draper a eu sa chance notamment sous la forme d’une balle de premier set dans le jeu décisif, bien sauvée par Mannarino d’un enchaînement service/coup droit. Supérieur dans un deuxième set où le Val d’Oisien a semble accuser un petit coup de mou, il a fini par capituler au cœur de la bagarre dans le troisième set : à 3-2, Mannarino a breaké grâce à un superbe retour de coup droit, et a tenu jusqu’au bout non sans sauver deux balles de débreak au moment de conclure, à 5-3.

Honnêtement, ça aurait pu aller dans les deux sens. J’ai juste été un peu plus chanceux que lui à la fin.

Adrian Mannarino

“C’était un match très serré et honnêtement, ça aurait pu aller dans les deux sens”, a réagi le Français après son succès. “Je ne peux même pas dire que c’est l’expérience qui a fait la différence. Peut-être la chance, tout simplement. J’ai été un peu plus chanceux que lui à la fin. Au tennis, parfois, ça tourne dans votre sens, et parfois non.”

Il aurait pu parler aussi de sa solidité à l’échange, que l’on connaît. Et de sa force de frappe au service, particulièrement notable à Sofia avec notamment cette première balle de gaucher purement illisible côté avantage, une alternance d’ “hypers slices” extérieurs et de coups de marteau sur le T qui ont mis au supplice ses adversaires, Draper comme les autres. Il aurait pu aussi parler de son réalisme parfait en finale, avec deux balles de break converties sur deux obtenues. Mais il n’en a rien dit. Car “Manna” n’est pas du genre à se mettre en avant.

Il pourrait, pourtant. Adrian Mannarino est en effet le premier joueur français à remporter au moins trois titres dans une même saison depuis Jo-Wilfried Tsonga et Lucas Pouille en 2017. A 35 ans, il joue le meilleur tennis de sa carrière – même si là aussi il s’en défend -, ou vient en tout cas de boucler la meilleure saison de sa carrière, en attendant la couche de nappage sur le chocolat. Ne serait-ce un combat définitivement perdu contre la calvitie, on lui donnerait 10 ans de moins et vu les chamboulements actuels des standards d’âge dans le tennis, on se demande si, pour lui, le meilleur n’est pas encore à venir…

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