Zverev, qui a pris une marque en photo : « Il y a eu un problème avec la machine, la balle était plusieurs centimètres dehors »
Pendant sa qualification pour les huitièmes de finale à Madrid, Alexander Zverev a photographié une marque clairement à l’extérieur de la ligne mais jugée bonne par l’arbitrage électronique.

« Je ne lui fais toujours pas confiance à 100 %, et ce ne sera probablement jamais le cas ». Tels avaient été les mots de Roger Federer, jadis, en août 2007, après un quart de finale gagné contre Lleyton Hewitt à Montréal, pour parler du Haw-Eye. Un système alors assez récent, lancé 16 mois plus tôt.
« Pendant mon premier match (Ivo) Karlović l’a utilisé sur un service : la marque était clairement dehors – parce qu’on peut voir les traces sur le court (bien qu’il soit en dur) –, et la vidéo l’a annoncé dedans », avait développé le Suisse. « Je ne pouvais pas y croire ».
« Ça m’a rappelé une situation similaire vécue à Wimbledon », avait-il ajouté. « Ces moments me prouvent que la machine n’est pas complètement fiable. C’est aussi pour ça qu’on voit autant de gars tenter le coup (du challenge) sur les points importants. Ils se dissent que la balle est probablement faute, mais que la vidéo va peut-être la donnée bonne (ou inversement). »
Pendant sa carrière, le Bâlois aux 20 titres du Grand Chelem a régulièrement été, gentiment, raillé pour ses challenges mal gérés. Dans la plupart des cas, la technologie lui donnait tort. Peut-être savait-il pertinemment que sa frappe n’était pas dans les limites du court, ou que celle de son adversaire avait accroché la ligne, mais qu’il espérait secrètement que la machine se trompe.
La technologie peut en effet se tromper, de quelques millimètres (normalement)
C’était en tout cas la théorie de Jason Goodall, expert Hawk-Eye pour la BBC, en 2010. « Je crois qu’en son for intérieur, il (Roger Federer) pense que le système Hawk-Eye est mauvais et qu’il s’en sert en espérant qu’il puisse lui accorder un point par erreur », avait-il déclaré pour The Guardian.
Comme tout appareil, celui incriminé par Federer a une marge d’erreur. Qui serait située entre 3 et 4 mm. Si, sur dur, il est difficile de s’en rendre compte pour les simples spectateurs que nous sommes, la terre battue offre plus de matière pour se forger une opinion.
Depuis cette saison, le circuit ATP a adopté l’arbitrage automatique sur tous ses courts. Y compris ceux en ocre. Avec impossibilité pour les hommes et femmes de chaise de déjuger le robot. De quoi donner lieu à des scènes tragi-comiques de par leur absurdité. Avec des traces, que tout le monde voit nettement dehors, mais qu’il faut considérer comme bonnes car l’eletronic line calling en a décidé ainsi.
À Madrid, pendant sa victoire au bout du suspense contre Alejandro Davidovich Fokina au troisième tour, Alexander Zverev a mis ce problème en lumière. Avec le flash de son téléphone. Il a pris en photo – ensuite diffusée en story Instagram – la marque d’une balle située plusieurs centimètres à l’extérieur de la ligne mais jugée bonne par la machine.

Je suis un défenseur de l’arbitrage électronique, mais là, la balle était plusieurs centimètres dehors
« Je pense qu’il y a eu un problème avec la machine », a ensuite déclaré l’Allemand devant les journalistes. « Je suis un défenseur de l’arbitrage électronique, mais là, ce n’était pas comme si la balle était dedans ou dehors pour un millimètre, elle était quatre ou cinq centimètres (en exagérant un peu) à côté. »
« C’est pour ça que j’ai demandé à l’arbitre de descendre, il fallait qu’il voie que je n’étais pas fou (rire) », a-t-il poursuivi. « Mais il ne pouvait pas, et ce n’est pas de sa faute, il n’a pas le droit de déjuger la machine. »
Malgré cet incident, Zverev n’a pas voulu enfoncer le clou. « Je pense qu’il y a eu un bug », a-t-il estimé. « Normalement, le système est très fiable. D’après ma propre expérience, il a fonctionné jusqu’ici. Mais je ne sais pas ce qu’il s’est passé aujourd’hui (dimanche). »
Quelques jours plus tôt, Arthur Fils s’était plaint d’une mésaventure similaire. De quoi le pousser à souhaiter le retour des juges de ligne sur terre battue, comme ce sera le cas à Roland-Garros – qui n’est pas géré par l’ATP comme les trois autres levées du Grand Chelem – dans quelques semaines.