23 octobre 2005 : Le jour où Rafael Nadal s’est offert une impensable remontada et son unique Masters 1000 en salle

Le 23 octobre 2005, Rafael Nadal est parvenu à remonter un handicap de deux sets pour vaincre Ivan Ljubicic en finale du tournoi de Madrid (3-6, 2-6, 6-3, 6-4, 7-6). Il s’agit encore, à ce jour, du seul Masters 1000 en salle remporté par l’Espagnol.

Rafael Nadal, 2005, On This Day for Tennis Majors © Panoramic / Tennis Majors

Ce qui s’est passé ce jour-là et pourquoi c’est historique : Pour Nadal, à la fois une première.. et une dernière

Ce jour-là, le 23 octobre 2005, à Madrid, Rafael Nadal remonte un handicap de deux manches à rien pour finalement s’imposer face à Ivan Ljubicic (3-6, 2-6, 6-3, 6-4, 7-6) et décrocher son premier et unique Masters 1000 en salle. C’est la première fois de sa carrière que l’Espagnol réalise une pareille remontée, donnant un nouveau gage de son incroyable force mentale. C’est également un avertissement lancé à tous ceux qui pensent qu’il ne peut gagner des grands tournois que sur terre battue.

Les acteurs : Rafael Nadal et Ivan Ljubicic

  • Rafael Nadal, un homme pressé

En octobre 2005, Rafael Nadal n’a que 19 ans, mais le voir en finale du Masters 1000 de Madrid n’étonne plus personne. Quelques mois plus tôt, alors 31e mondial, il s’était hissé en finale du tournoi de Miami, où il avait poussé le n°1 mondial Roger Federer à disputer cinq sets et s’inclinant à l’arrivée (2-6, 6-7, 7-6, 6-3, 6-1). Plus tard en avril, il remporte son premier Masters 1000, à Monte-Carlo, en battant le dernier finaliste de Roland-Garros, Guillermo Coria (6-3, 6-1, 0-6, 7-6). La semaine suivante, il reste invaincu à Barcelone, venant à bout de Juan Carlos Ferrero en finale (6-1, 7-6, 6-3) et intègre le Top 10 pour la première fois. A Rome, débordant de confiance, il continue sa série victorieuse, dominant en finale Guillermo Coria à l’issue de la plus longue finale jamais disputée sur le circuit ATP (6-4, 3-6, 6-3, 4-6, 7-6). Ces résultats incroyables font de lui le favori à l’occasion de sa première participation à Roland-Garros. 

Cette nouvelle pression ne perturbe pas Rafael Nadal, qui remporte le tournoi dès son coup d’essai, écartant au passage Roger Federer en demi-finale (6-3, 4-6, 6-4, 6-3) puis Mariano Puerta en finale (6-7, 6-3, 6-1, 7-5). Il monte au 3e rang mondial mais, avec son jeu basé sur un lift incroyable et une défense de fer, il n’obtient pas de résultats probants sur gazon, et après Wimbledon, il reste en Europe pour disputer et gagner deux tournois sur ocre, à Bastad et Stuttgart. Au mois d’août, Nadal remporte son premier tournoi sur dur. 

En finale du Masters 1000 de Montréal, il domine Andre Agassi, 35 ans et toujours 7e mondial, à l’issue d’un véritable choc des générations (6-3, 4-6, 6-2). C’est un moment marquant pour Nadal, qui prouve à la planète tennis qu’il est capable de triompher sur d’autres surfaces que la terre battue. Après une défaite décevante contre James Blake au troisième tour de l’US Open (6-4, 4-6, 6-3, 6-1), il triomphe à nouveau sur dur au tournoi de Pékin, disposant en finale de Guillermo Coria (5-7, 6-1, 6-2).

  • Ivan Ljubicic, redoutable serveur alors en pleine bourre

Le Croate Ivan Ljubicic est né en 1979. S’appuyant principalement sur un service dévastateur, il intègre le Top 100 en 1999, et remporte son premier titre en 2001, à Lyon, aux dépens de Younes El Aynaoui (6-3, 6-2). Il stagne dans le top 50 jusqu’en 2004, année où il se hisse parmi les 25 meilleurs mondiaux grâce à deux demi-finales en Masters 1000, mais c’est en 2005 qu’il change de dimension. Lors des six premiers tournois qu’il dispute, il parvient en finale à quatre reprises, battu par Federer à Doha (6-3, 6-1), Rotterdam (5-7, 7-5, 7-6) et Dubaï (6-1, 6-7, 6-3), puis par Joachim Johansson à Marseille (7-5, 6-4). 

A l’entame du Masters 1000 de Madrid, en octobre, le Croate est 12e mondial, après avoir gagné deux tournois consécutifs à Metz (aux dépens de Gaël Monfils, 7-6, 6-0) et à Vienne (en battant Juan Carlos Ferrero en finale, 6-2, 6-4, 7-6).

Le lieu : Madrid Arena

Le Masters 1000 de Madrid est créé en 2002, en remplacement du tournoi de Stuttgart. Il se joue sur dur intérieur à la Madrid Arena, une salle inaugurée en 2002 qui peut accueillir 12 000 spectateurs. Au palmarès du tournoi, Andre Agassi (2002), Juan Carlos Ferrero (2003) et Marat Safin (2004) sont alors les derniers lauréats.

L’histoire : Finale renversante et dixième triomphe de l’année pour Nadal

En 2005, la finale du Masters 1000 de Madrid oppose deux joueurs qui ont changé de dimension au cours de la saison. Rafael Nadal avait commencé l’année à la 51e place du classement ATP, et le voilà maintenant n°2 mondial, ayant gagné pas moins de neuf tournois, dont Roland-Garros. Son adversaire, Ivan Ljubicic, est aux portes du Top 10, à la 12e place. Il vient de remporter consécutivement les tournois de Metz et de Vienne et reste sur une série de 16 victoires consécutives. 

Le style du jeu du Croate convient parfaitement au jeu sur dur intérieur. D’ailleurs, au cours des semaines précédentes, il a réussi à conserver sa mise en jeu 81 fois d’affilée. Dès le début de sa finale contre Nadal, il s’appuie sur cette arme destructrice et prend le meilleur départ. Empêchant l’Espagnol de trouver son rythme, Ljubicic se détache bientôt (6-3, 6-2).

Cependant, Rafa n’a pas l’intention de se résigner. Poussé par le public, il reprend peu à peu le dessus, n’hésitant pas à s’encourager de manière très démonstrative. Ses passing-shots gagnent en précision, son coup droit lifté devient de plus en plus lourd et force le Croate à reculer. Nadal s’empare des deux manches suivantes (6-3, 6-4) et obtient donc un cinquième set.

Lors de cette dernière manche, Ljubicic breake le premier et prend les devants (2-0), mais il débreake dans la foulée. Les deux joueurs conservent alors leur mise en jeu jusqu’au tie-break décisif, où Nadal domine les débats et s’impose 7-3. Malgré les conditions de jeu rapides, malgré les 32 aces claqués par Ljubicic, et après avoir été mené deux sets à zéro, Rafael Nadal, 19 ans, est le nouveau vainqueur du Masters 1000 de Madrid. C’est son dixième titre de la saison.

« C’est mon titre le plus important cette année, après Roland-Garros », dit-il. « Il a joué un tennis incroyable dans les deux premiers sets. Combien d’aces a-t-il servis ? 32 ? Je ne voyais même pas passer la balle. »

Fidèle à lui-même, le Croate reste fairplay dans ses déclarations. « C’était très agréable de jouer ici et je suis très content pour Rafa parce qu’il est jeune et qu’il a encore tant de victoires devant lui. »

La postérité du moment : Madrid restera son unique grand titre en indoor

Améliorant son tennis chaque année pour gagner sur toutes les surfaces, Rafael Nadal remportera, en plus de ses treize Roland-Garros, deux titres sur gazon à Wimbledon (2008, 2010) et cinq sur dur, un à l’Open d’Australie 2009 et quatre à l’US Open (2010, 2013, 2017, 2019). Malgré tout, il sera toujours plus vulnérable en salle, et l’Open de Madrid 2005 restera son unique grand titre dans ces conditions.

Plus tard en 2005, Ivan Ljubicic conduira la Croatie à sa première victoire en Coupe Davis, aux dépens de la Slovaquie (3-2). Il se hissera jusqu’à la 3e place mondiale en 2006. Cette année-là, il atteindra les quarts de finale à l’Open d’Australie et les demi-finales à Roland-Garros, ce qui restera la meilleure performance de sa carrière en Grand Chelem. Le Croate remportera son plus grand titre à Indian Wells en 2010, après avoir battu en finale Andy Roddick (7-6, 7-6). Retraité du circuit en 2012, Ljubicic deviendra entraîneur, et il travaillera avec Milos Raonic (2013-2015) avant de collaborer avec Roger Federer.

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