Roland-Garros : Loïs Boisson, la fin d’un rêve…

Loïs Boisson s’arrête en demi-finale de Roland-Garros, battue 6-1, 6-2 en 1h10 par Coco Gauff. L’Américaine retrouvera Aryna Sabalenka en finale.

Boisson demi-finale Roland-Garros 2025 Boisson demi-finale Roland-Garros 2025 – © Michtof / Psnewz

L’histoire était trop belle. Après dix jours d’un tournoi irréel, Loïs Boisson est tombée. Brutalement, sèchement. Ce jeudi, la Française de 22 ans n’a rien pu faire face à une Coco Gauff trop forte, trop régulière, trop lucide pour se laisser emporter par l’euphorie du Chatrier. En 1h10, la numéro 2 mondiale a éteint les derniers espoirs tricolores et mis un terme au parcours exceptionnel de la Française (6-1, 6-2).

Le score est sévère. Mais il raconte fidèlement un match à sens unique, où Boisson, pourtant si inspirée tout au long du tournoi, n’a jamais trouvé son rythme. Acculée dès les premiers échanges, elle n’a inscrit que 8 coups gagnants (contre une moyenne de 31 depuis le début du tournoi) pour 33 fautes directes.

Prise à la gorge par le jeu en cadence de Gauff, constamment repoussée sur son revers, elle n’a pas eu le temps de construire, ni de respirer. Ses tentatives d’accélérations, de variations, tout est resté sans effet. Cette fois, le mur était trop haut. « Elle était simplement trop forte », a constaté la Française après la rencontre.

Il faut dire que l’Américaine avait parfaitement lu le jeu. Contrairement à Andreeva ou Pegula, Gauff aime le temps, les échanges longs. En imposant son rythme, en allongeant chaque frappe, elle a forcé Boisson à reculer, à déjouer. Même le public, pourtant chauffé des tours précédents, n’a pas réussi à l’aider à revenir. Le rêve s’est effondré sans qu’elle ait le temps de s’en rendre compte.

Gauff de retour en finale

Mais rien ne pourra effacer ce qu’elle vient d’accomplir. Partie de loin – 361e mondiale il y a deux semaines, 23e joueuse française – Loïs Boisson est désormais la n°1 tricolore, 65e mondiale, demi-finaliste d’un Grand Chelem, première Française à atteindre ce stade depuis Marion Bartoli en 2011. Une ascension météorique, un choc émotionnel, un parcours qui a conquis tout un pays. Même dans la défaite, elle est sortie sous les applaudissements, le regard embué mais fier.

Coco Gauff, elle, poursuit sa route. La finaliste de l’édition 2022 n’a pas tremblé. Avec 6 balles de break converties sur 7, seulement 15 fautes directes, elle a parfaitement exécuté son plan de jeu. Après trois éliminations consécutives à Roland-Garros par Iga Swiatek, l’Américaine est de retour en finale. Cette fois, ce ne sera pas la Polonaise en face, mais Aryna Sabalenka, tout juste auréolée d’un succès impressionnant contre la reine de la terre battue.

félicitations à elle pour son tournoi, mais aujourd’hui c’était ma journée

« C’est une joueuse incroyable, félicitations à elle pour son tournoi, mais aujourd’hui c’était ma journée », a déclaré Coco Gauff en sortant du court, le visage encore marqué par la concentration. En quelques mots simples, l’Américaine a su reconnaître la performance de son adversaire, et rendre hommage à une quinzaine de rêve.

Elle savait à quoi s’attendre. « Je savais que j’allais devoir composer avec le public, alors j’ai décidé d’entendre mon nom à la place du sien », a-t-elle ajouté dans un sourire. Une stratégie mentale maligne, presque ironique, pour traverser l’hostilité douce d’un Chatrier tout entier acquis à la cause de Boisson. Et ça a marché. Gauff n’a jamais vacillé.

Elle s’avance, portée par une confiance tranquille, face à Aryna Sabalenka pour une affiche qui s’annonce électrique. À 21 ans, Gauff disputera sa troisième finale en Grand Chelem, un remake de celle qui lui avait souri à l’US Open 2023. L’occasion, peut-être, de décrocher un deuxième Majeur.

Mais ce soir, dans les tribunes du court Philippe-Chatrier, c’est le silence qui résonne, un silence doux-amer, celui de la fin d’un rêve éveillé. Loïs Boisson est tombée, oui, mais elle a renversé le cœur d’un public, d’un pays, d’un tournoi. Il y a dix jours encore, personne ne connaissait son nom. Aujourd’hui, on ne l’oubliera pas.

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