Sinner vient (encore) à bout de Medvedev et se qualifie pour la finale du Masters

Vainqueur de Daniil Medvedev pour la troisième fois en un mois et demi, Jannik Sinner est le premier Italien à atteindre la finale du Masters.

Jannik Sinner, Masters 2023 Jannik Sinner, après sa qualification pour la finale du Masters 2023 (Zuma / Panoramic)
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“Après un match, gagné ou perdu, j’aime comprendre ce qu’il s’est passé. Il n’y a eu qu’une fois où je n’ai pas réussi : contre Daniil Medvedev à Marseille. Je suis allé me coucher sans réussir à savoir ce qu’il avait changé pendant le match. J’ai eu du mal à trouver le sommeil.” Tels avaient été les mots de Jannik Sinner au Corriere della Serra dans la foulée de son premier titre ATP, glané à Sofia fin 2020.

“Sa balle est en quelque sorte ‘bizarre’. Surtout avec son revers, il envoie presque un effet ‘backspin’. C’est très surprenant. Quand je suis sorti du court, j’ai dit : ‘Je n’ai rien compris du tout'”, avait-t-il déjà confié quelques mois plus tôt lors d’un direct Instagram avec Karen Khachanov pour Lavazza.

Finalement, à force de faire turbiner ses méninges, Sinner a trouvé une solution au casse-tête Medvedev. Après six défaites de suite contre le Russe, dont deux en début de saison, l’Italien l’a vaincu pour la troisième fois en un mois et demi. Après ses victoires en finale à Pékin puis à Vienne, le Transalpin a de nouveau battu le Moscovite. Succès 6-3, 6-7⁴, 6-1 en 2h29 en demi-finale des ATP Finals ce samedi.

Sinner, premier Italien en finale du Masters

“C’est une sensation incroyable”, a déclaré, lors de l’interview sur le court, celui qui est devenu la première personne de son pays, hommes et femmes confondu, à atteindre la finale du Masters. “J’ai été plus agressif dans le premier set, et j’ai réussi à breaker. Lui a très bien joué dans le deuxième, notamment dans le tie-break. J’ai essayé de rester offensif dans la dernière manche, en variant un peu. Le public me donne tellement d’énergie. La pression est un privilège.”

Agressif, le 4e mondial l’avait toujours été face à l’ancien numéro 1. Mais jusqu’à la finale de Miami début avril, Medvedev avait trouvé la parade à chaque fois. “Je me suis rendu compte à travers nos différents matchs que mes coups l’empêchent un peu de développer son jeu, qui est de frapper des coups gagnants dans tous les sens”, avait alors analysé le surnommé “Danya”. “Quelque part, ma balle ne le laisse pas faire ça. Peut-être aussi que je lis son jeu un peu mieux, donc je le pousse un peu plus à la faute.”

Avant leur duel floridien, le protégé de Gilles Cervara s’était imposé à Rotterdam quelques semaines plus tôt pour soulever le trophée. Après avoir globalement subi la puissance adverse dans la première manche, en encaissant les coups tel un punching-ball, il était parvenu à retourner la situation. En “absorbant” la violence des frappes de Sinner, et en axant régulièrement le jeu dans la diagonale revers. Avec des balles profondes, sans donner trop de “poids” afin que son opposant ne puisse s’appuyer dessus.

Malgré tout, je sens qu’il (Jannik Sinner) est monté en puissance. Il va certainement s’approcher de plus en plus.

Daniil Medvedev, à Miami, lieu de sa dernière victoire contre Sinner avant de s’incliner trois fois de suite face à lui

Mais le vent a fini par tourner, et Medvedev avait senti les premières bourrasques dès Miami. “Malgré tout, je sens qu’il est encore monté en puissance cette année”, avait-il aussi déclaré a cette époque. “Il rate de moins en moins. Et il va certainement s’approcher de plus en plus. Mais j’espère pouvoir continuer de le gêner lors de nos prochains matchs.”

Depuis, Sinner l’a vaincu trois fois en autant de rencontres. Notamment en utilisant régulièrement le revers long de ligne pour ne plus être fixé dans la diagonale. Prenant la balle tôt et jouant à un rythme fou, comme à son habitude, le joueur de 22 ans n’a cessé de chercher à déplacer son rival du jour. À tel point que sa cadence a forcé Medvedev a changé totalement de stratégie. Car, si certains n’ont qu’un plan A ou B, ce dernier, lui, a toutes les lettres de l’alphabet.

Une fois le break en poche pour mener 3-1 dans l’acte initial, Sinner a vu Medvedev se mettre à frapper beaucoup plus fort en fin de set, pour tenter de revenir. Une tactique poursuivie dans la deuxième manche, qui a contribué à inverser la tendance. Globalement dominé quand les échanges s’engageaient, l’Italien, mis dans les cordes, poussé à défendre, à tenu jusqu’au tie-break en écartant la seule balle de break du round, notamment grâce à son premier service.

Des trous d’air (brefs) qui ont coûté cher à Medvedev

Statistique à laquelle on ne s’attendait pas forcément avant la rencontre, à 6-3, 5-6 30-30, Sinner affichait un vitesse moyenne de coup droit inférieure à celle de Medvedev – 122 kmh contre 131 kmh, indiquait Eurosport – et moins de coups gagnants. Résultat, acculé par un opposant le poussant à subir, Sinner a rapidement été mené 6-3 dans le tie-break, avant de s’incliner 7-4 ; sans pouvoir lâcher le moindre coup gagnant, en marquant ses quatre points sur des fautes adverses.

Mais l’orage a fini par passer. Après un temps mort médical pris, au vestiaire, par Medvedev, Sinner a réussi à repasser au-dessus au petit jeu du “qui agressera l’autre le premier”. Et il a su bonifier les chutes de régularités du vainqueur de l’US Open 2021. Dans le premier set, le chouchou du public a réussi le break alors que le Russe était à 40-0, en bénéficiant notamment d’une double faute et trois erreurs de coup droit. Dans le dernier, il a creusé l’écart d’entrée – 2-0 – grâce à un revers manqué puis une double faute de Medvedev, qui a tenté la deuxième balle en puissance.

Face à un Moscovite moins percutant et sous tension, qui s’est brièvement pris le bec avec le public, sans dégoupiller comme à Bercy, Sinner a fini par dérouler. En réussissant le double break à 4-1, et sans concéder la moindre balle de débreak tout au long du set. Après avoir eu du mal à accueillir le marchand de sable suite à ses duels contre Daniil Medvedev, Jannik Sinner a fini par lui piquer quelques grains pour les glisser dans la machine Russe. De quoi dormir sur ses deux oreilles, en attendant d’affronter Carlos Alcaraz ou Novak Djokovic dimanche soir.

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