25 janvier 1997 : le jour où Martina Hingis est devenue la plus jeune joueuse à remporter un Grand Chelem dans l’ère Open

Chaque jour, Tennis Majors remonte le temps pour revenir sur un événement marquant pour la planète tennis. Aujourd’hui, nous retournons en 1997 pour voir comment Martina Hingis, âgée de 16 ans, 3 mois et 26 jours, a battu Mary Pierce à l’Open d’Australie pour devenir la plus jeune gagnante en Grand Chelem de l’ère Open.

On this day Hingis - Pierce On this day Hingis – Pierce

Ce qu’il s’est passé ce jour-là : A jamais la plus jeune

Ce jour-là, Martina Hingis, la prodige suisse, domine Mary Pierce en finale de l’Open d’Australie (6-2, 6-2). Non seulement Hingis est la plus jeune vainqueur d’un Grand Chelem de l’ère Open – et seulement surpassée en la matière par Lottie Dodd, qui avait remporté Wimbledon à l’âge de 15 ans au siècle précédent, en 1887), mais elle réalise en plus cet exploit sans perdre un seul set. Quelques semaines plus tard, la « Swiss Miss » deviendra le plus jeune numéro 1 mondiale de l’histoire de la WTA.

Les personnages : Martina Hingis et Mary Pierce

  • Martina Hingis, l’enfant prodige

Martina Hingis est née en septembre 1980, et sa mère, Melanie Molitor, la prénomme en référence à la championne de tennis, Martina Navratilova. Formée par sa maman, elle est un enfant prodige, et remporte Roland-Garros juniors à seulement 12 ans. Elle fait ses débuts sur le circuit à 14 ans, mais le règlement ne l’autorise à disputer que 15 tournois avant l’âge de 16 ans, une règle contre laquelle elle s’insurge.

Son tennis est basé sur une coordination extraordinaire, un sens tactique impressionnant, un superbe toucher de balle et une bonne lecture du jeu. Au début de sa carrière, elle manque néanmoins de puissance et sa deuxième balle est assez faible. Plus jeune joueuse de l’histoire à gagner un match à l’Open d’Australie, en 1995, elle explose en 1996. Après avoir battu la numéro 1 mondiale incontestée, Steffi Graf, au mois de mai, à Rome, elle se hisse en demi-finale de l’US Open (battue par Graf, 7-5, 6-3), puis en finale du Masters (où elle est battue par Graf en cinq sets, 6-3, 4-6, 6-0, 4-6, 6-0).

Elle entame 1997 avec un premier titre glané à Sydney aux dépens de Jennifer Capriati, 6-1, 5-7, 6-1), et à l’Open d’Australie, malgré son jeune âge, elle la tête de série n°4.

  • Mary Pierce, l’expérience et le Grand Chelem

Mary Pierce est née en 1975 à Montréal, au Canada, mais elle a choisi de représenter la France, le pays de sa mère. A l’époque, elle est la plus jeune joueuse de l’histoire à faire ses débuts professionnels, à l’âge de quatorze ans et deux mois, mais c’est en 1991 qu’elle atteint le plus haut niveau en remportant son premier titre à Palerme avant de terminer l’année à la 26e place mondiale. Le début de sa carrière est fortement marqué par le comportement violent de son père, Jim, qui, en 1993, amène la WTA à l’interdire de stade, et amène Mary à demander une ordonnance restrictive à son encontre.

Au cours des deux saisons suivantes, elle s’adjuge quatre tournois supplémentaires et, après avoir atteint les quarts de finale à l’Open d’Australie 1993, elle parvient en finale de Roland-Garros en 1994. Avant de s’incliner face à Arantxa Sanchez (6-4, 6-4), elle balaie la numéro 1 mondiale, Steffi Graf, en demi-finale (6-2, 6-2), en livrant l’une des performances les plus impressionnantes de l’histoire du tournoi. Quelques mois plus tard, Pierce devient la première Française à triompher en Grand Chelem depuis François Dürr (Roland-Garros 1967), prenant sa revanche sur Sanchez en finale (6-3, 6-2). Sa saison 1996 est gâchée par des blessures, et pour la première fois depuis 1991, elle finit l’année en-dehors du top 15 (24e mondiale).

Le lieu : le Melbourne Park

Contrairement aux autres tournois du Grand Chelem, l’Open d’Australie (d’abord appelé Championnat d’Australasie puis Championnat d’Australie) a changé plusieurs fois de lieu au fil des ans. L’épreuve changeait même de ville chaque année avant de s’installer à Melbourne en 1972, et pas moins de cinq villes australiennes l’ont accueillie à au moins trois reprises : Melbourne, Sydney, Adelaïde, Brisbane et Perth. Ses dates ont été assez mouvantes également, entre début décembre et fin janvier, faisant de l’Open d’Australie parfois le premier, parfois le dernier Grand Chelem de la saison.

Jusqu’en 1982, la plupart des meilleurs joueurs font l’impasse sur l’épreuve en raison de son éloignement et des prix insuffisants, mais à partir de la victoire de Mats Wilander, la dynamique change. Pour rendre le tournoi plus attractif, le comité du tournoi déploie d’énormes efforts qui mènent au déménagement de l’épreuve vers un nouveau site, Flinders Park (qui sera plus tard renommé Melbourne Park), à l’abandon du gazon pour des courts en dur, et à la construction du premier court central doté d’un toit rétractable. La dotation augmente également, et il ne faut alors que quelques années pour que l’Open d’Australie devienne le Grand Chelem préféré de nombreux joueurs.

Martina Hingis, Open d’Australie 1999 (c) Prosport / Panoramic

L’histoire : Hingis devient la plus jeune victorieuse

En janvier 1997, Martina Hingis, bien qu’elle n’ait que 16 ans, est tout sauf une inconnue. En 1996, à Rome, elle a battu la numéro un mondiale, Steffi Graf, avant d’atteindre les demi-finales de l’US Open et la finale du Masters (battue à chaque fois par la même Graf). La « Swiss Miss », fraîchement titrée à Sydney, arrive à l’Open d’Australie en pleine confiance. Elle transperce le tableau sans encombre, se hissant en finale sans perdre le moindre set en cours de route. 

Mais cette fois, il n’y a pas  Steffi Graf en finale pour lui barrer la route : à la stupeur générale, l’Allemande, qui avait remporté les six derniers tournois du Grand Chelem auxquels elle avait participé et qui n’avait plus perdu dans l’un des quatre tournois majeurs depuis l’US Open 1994, a été éliminée en huitièmes de finale par la Sud-Africaine Amanda Coetzer (6-2, 7-5). Cependant, Coetzer est elle-même arrêtée en demi-finale par Mary Pierce, gagnante du tournoi en 1995,  22e mondiale après une saison 1996 marquée par les blessures.

C’est une grande victoire pour moi, et la prochaine fois, je jouerai peut-être en double mixte pour pouvoir gagner aussi

Martina Hingis

Lors de leurs trois précédentes confrontations, la Française s’était toujours sèchement imposée – à l’Open du Canada 1995, elle avait même infligé à Hingis un cruel 6-0, 6-0. Mais la Suissesse n’est plus la même joueuse que lors de leur dernière rencontre, à Hambourg, en mai 1996, et il est apparaît vite que Pierce n’a pas d’emprise psychologique sur sa jeune adversaire. Dans une finale à sens unique, longue de seulement 59 minutes, Hingis surclasse l’ancienne vainqueur du tournoi, 6-2, 6-2, pour devenir la plus jeune gagnante de l’histoire de l’Open d’Australie. Elle est également la plus jeune gagnante d’un Grand Chelem au cours de l’ère Open, et la plus jeune depuis Lottie Dodd, qui avait triomphé à Wimbledon en 1887 à l’âge de 15 ans. En outre, Hingis est la première joueuse depuis une autre célèbre Martina (Navratilova) en 1985, à remporter également le double, associée à Nastasha Zvereva.

“C’est une grande victoire pour moi, et la prochaine fois, je jouerai peut-être en double mixte pour pouvoir gagner aussi”, claironne Hingis, selon le New York Times.

Cette déclaration illustre à merveille l’incroyable confiance, que certains n’hésitent pas à qualifier d’arrogance, affichée par la jeune championne.

“Il est probablement humain d’être un peu tendue, mais je ne sais pas si elle l’a été ou non ; il ne semble pas que beaucoup de choses l’atteignent”, déclare Pierce. “Aujourd’hui, c’était juste son jour.”

Postérité du moment : elle devient la plus jeune n°1 mondiale

Moins de deux mois plus tard, le 31 mars 1997, Martina Hingis deviendra la plus jeune numéro 1 mondiale de l’histoire de la WTA.  Une blessure l’empêchera de disputer le moindre tournoi sur terre battue avant Roland-Garros, où elle atteindra néanmoins la finale, battue à la surprise générale par Iva Majoli (6-4, 6-2). Au cours des mois suivants, elle renforcera son emprise sur le circuit, triomphant à Wimbledon (en battant Jana Novotna en finale, 2-6, 6-3, 6-3), à l’US Open (en battant Venus Williams en finale, 6-0, 6-4) et à l’Open d’Australie 1998 (en battant Conchita Martinez, 6-3, 6-3). Cependant, ayant du mal à contenir la puissance de la nouvelle génération de joueuses, dont les sœurs Williams, elle ne remportera qu’un seule autretitre majeur, à l’Open d’Australie, en 1999, atteignant malgré tout la finale de six autres tournois du Grand Chelem.

Elle apparaîtra pour la dernière fois au sommet du classement WTA le 14 octobre 2001, après avoir occupé cette place pendant 209 semaines. Après une terrible défaite face à Jennifer Capriati en finale de l’Open d’Australie 2002, perturbée ensuite par une blessure au pied, elle annoncera sa retraite en février 2003. Elle reviendra sur le circuit en 2006, mais ne dépassera jamais les quarts de finale d’un tournoi du Grand Chelem jusqu’à ce qu’elle soit contrôlée positive à la cocaïne à Wimbledon et suspendue à la fin de l’année. Elle reviendra une dernière fois dans les années 2010, en double, et remportera quatre autres titres du Grand Chelem. Elle prendra définitivement sa retraite en 2017.

Martina Hingis, Wimbledon 1998, (c) Prosport / Panoramic

En 2000, Mary Pierce réalisera le rêve de n’importe quel joueur de tennis français en triomphant à Roland-Garros, aux dépens de Conchita Martinez (6-2, 7-5), remportant par la même occasion le double avec Martina Hingis. Au cours de sa carrière, elle disputera deux autres finales de Grand Chelem, à Roland-Garros 2005 (battue par Justine Henin, 6-1, 6-1) et à l’US Open 2005 (dominée par Kim Clijsters, 6-3, 6-1). Fin 2006, alors qu’elle affrontera Vera Zvonareva au tournoi de Linz, le ligament antérieur croisé de son genou gauche lâchera. Elle ne se remettra jamais de cette blessure et, bien que Mary Pierce n’annoncera jamais officiellement sa retraite, cela restera le dernier match de sa carrière.

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