La FFT se dit prête à plus de collaboration avec les académies privées

Lors de la conférence de presse organisée par la FFT vendredi sur l’état du tennis français, Nicolas Escudé, DTN par intérim, estime qu’une collaboration entre la Fédération et les académies privées pourrait avoir une influence sur les résultats en Grand Chelem.

Jeremy Chardy (Fra)

C’est un serpent de mer que chaque équipe fédérale a dû affronter ces trois dernières décennies face aux résultats frustrants des Français à Roland-Garros (aucun vainqueur chez les hommes depuis Yannick Noah en 1983). La FFT va-t-elle se doter d’un centre d’entraînement sur terre battue dans le Sud de la France ?

Au moment où la France ne place aucun joueur et aucune joueuse au troisième tour de Roland-Garros, dans ce qui fut, jeudi, un fiasco historique, la question a été posée au DTN par intérim Nicolas Escudé.

Le DTN par intérim, Nicolas Escudé, est resté sur la ligne dévoilée lors de sa prise de fonctions, en mars dernier, à savoir “essayer de travailler avec les privés”. Cette ligne, il l’applique à la formation des joueurs. Il l’applique aussi “au partage d’infrastructures, à l’utilisation des infrastructures”. Les fortes contraintes budgétaires qui s’exercent sur la FFT après deux Roland-Garros à la billetterie sévèrement entamée par le COVID et après cinq ans de travaux bouchent par ailleurs les possibilités d’investissement.

Les “privés” cités par Nicolas Escudé peuvent être l’académie de Patrick Mouratoglou (Mouratoglou Academy) à Biot (13 courts en terre extérieure), celle de Thierry Ascione et de Jo-Wilfried Tsonga (All in academy) à Villeneuve-Loubet (12 courts en terre extérieure) ou celle de Jean-René Lisnard (Tennis Elite Center) à Cannes.

Escudé a affirmé vouloir “se poser à la table, échanger, discuter, regarder les intérêts des uns et des autres mais surtout, arriver à mettre un intérêt commun ; qu’il y ait la bonne forme et les résultats au plus haut niveau pour aller chercher un résultat du Grand Chelem”. Une réunion de travail est programmée dimanche matin à Roland-Garros entre les dirigeants fédéraux et les patrons de ces académies autour de ces options.

Évoluer hors cadre fédéral ne sera plus un problème

En président de la Fédération, Gilles Moretton a défendu son institution, affirmant qu’une collaboration “existait déjà”. “Aujourd’hui, vous avez des projets qui sont des projets fédéraux et qui ont lieu dans le privé. Si le choix, si le projet d’untel ou unetelle, c’est d’aller prendre un entraîneur dans le privé, sachez qu’il n’y a pas du tout de blocage ou de problème avec cela. Nous, on a qu’un seul intérêt, c’est l’intérêt d’un joueur ou d’une joueuse française, de lui permettre de réussir, quel que soit son choix.”

Cette approche, assez neuve venant de la FFT, fait écho à la réponse de Paul-Henri Mathieu, responsable du haut niveau, quand il lui a été rapporté que Jo-Wilfried Tsonga et Richard Gasquet appelaient à plus de “bienveillance” autour des jeunes talents du tennis français au début de leur carrière, en souvenir de leur propre parcours. “Ils voulaient dire que s’ils ne rentraient pas dans le cadre, s’ils évoluaient hors cadre (fédéral), ils avaient l’impression d’être jugés et ils étaient mal à l’aise vis-à-vis de cela. C’est important de fixer un cadre et ensuite, d’être à l’écoute des joueurs et des joueuses en fonction de leurs envies.”

“Aujourd’hui, il n’y a pas de blocage, aucun, affirme Nicolas Escudé. Si le projet d’untel ou unetelle, c’est d’aller prendre un entraîneur dans le privé, sachez que nous finançons des projets de ce type. Il n’y a pas du tout de blocage. Nous, on a qu’un seul intérêt, c’est l’intérêt d’un joueur ou d’une joueuse française, de lui permettre de réussir, quel que soit son choix. On souhaite participer à la construction du projet, éventuellement conseiller, orienter, mais à aucun moment on n’interdira.”

Une bourse à utiliser dans le public ou le privé ?

Interviewé par Le Monde le 31 mai dernier, Patrick Mouratoglou, plus en accord avec la politique de Bernard Giudicelli, le prédécesseur de Moretton à la tête de la FFT, a déclaré ne plus croire réellement à un partenariat entre la fédération et les académies. “Cela ne doit pas être leur priorité. J’ai toujours dit que si je pouvais aider le tennis français, j’en serais ravi. Si on ne vient pas me chercher, ce n’est pas grave. Je n’ai pas du tout eu de conflit avec l’équipe de Bernard Giudicelli, ils ont fait du bon boulot. Par contre, ils n’ont pas souhaité faire participer activement le privé à la politique de développement du tennis en France, et si eux ne l’ont pas fait, je doute que quelqu’un le fasse à l’avenir.”

Le fondateur et directeur de la Mouratoglou Academy, par ailleurs entraîneur de Serena Williams, estime qu’il faudrait “donner une bourse identique aux joueurs prometteurs en leur laissant le choix de la FFT ou d’une structure privée, ça engendrerait une saine concurrence”. Gilles Moretton et Nicolas Escudé ne sont pas allés jusque là.

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