23 novembre 1986 : le jour où Martina Navratilova a établi un record unique en remportant le Masters pour la huitième fois

Chaque jour, Tennis Majors remonte le temps pour revenir sur un événement marquant pour la planète tennis. Aujourd’hui, nous retournons en 1986 pour voir comment Martina Navratilova, numéro 1 mondiale incontestée, a battu sa nouvelle rivale, Steffi Graf, âgée de 17 ans, pour remporter son huitième Masters.

Navratilova, OTD Navratilova, OTD

Ce qui s’est passé ce jour-là : Navratilova remporte un cinquième Masters de suite

Ce jour-là, le 23 novembre 1986, Martina Navratilova remporte le Masters pour la cinquième fois consécutive. Pour réaliser cet exploit, celle qui qui occupe la place de numéro un mondial de façon presque ininterrompue depuis 1982, domine la nouvelle étoile montante, Steffi Graf, une jeune Allemande de 17 ans qui allait réaliser le Grand Chelem calendaire seulement deux ans plus tard (7-6, 6-3, 6-2). C’est le huitième triomphe au Masters de la gauchère d’origine tchécoslovaque, un record qui restera intouchable au cours des trente années suivantes.

Les personnages : Martina Navratilova et Steffi Graf

  • Martina Navratilova, l’immense championne

En novembre 1986, Martina Navratilova, née en 1956, est  n°1 mondiale. D’après sa rivale Chris Evert, elle a révolutionné la condition physique dans le tennis féminin, apportant notamment l’idée de pratiquer d’autres sports, tel le basket-ball, pour s’entraîner physiquement. Elle atteint pour la première fois le sommet du classement en 1978, après avoir remporté son premier titre du Grand Chelem à Wimbledon, en prenant le dessus sur Chris Evert (2-6, 6-4, 7-5). Elle parvient à conserver son titre en 1979, et en 1981, elle s’impose pour la première fois à l’Open d’Australie, aux dépens d’Evert.

Martina Navratilova, Roland-Garros 1984
Martina Navratilova, Roland-Garros 1984, Fep / Panoramic

A cette époque, elle lutte avec Evert et Tracy Austin pour la première place mondiale, mais à partir de 1982, Navratilova exerce son emprise sur le circuit. Cette année-là, elle boucle le Grand Chelem en carrière en remportant Roland-Garros (où elle bat Andrea Jaeger en finale, 7-6, 6-1) et Wimbledon (où elle domine Evert, 6-1, 3-6, 6-2). En 1983, sa domination évolue en supériorité absolue. Lorsqu’elle arrive à l’Open d’Australie 1984, elle a gagné les six tournois du Grand Chelem précédents (de Wimbledon 1983 à l’US Open 1984), ce qui est un record hommes et femmes confondus. Toutefois, à l’Open d’Australie, elle manque l’occasion de réaliser le Grand Chelem calendaire.

En 1985, Navratilova perd l’une des plus belles finales de l’histoire de Roland-Garros, vaincue par Chris Evert (6-3, 6-7, 7-5), qu’elle bat à son tour en finale de Wimbledon quelques semaines plus tard (4-6, 6-3, 6-2), remportant ainsi un sixième titre sur le gazon londonien. Elle s’incline ensuite en finale de l’US Open face à Hana Mandlikova (7-6, 1-6, 7-6), mais, après avoir remporté l’Open d’Australie, elle termine une fois de plus l’année à la première place mondiale, et elle occupe toujours cette place à la fin de l’année 1986. Cette saison-là, elle ajoute deux autres trophées du Grand Chelem à sa collection, en triomphant à Wimbledon et à l’US Open – cependant, à Flushing Meadows, elle doit sauver trois balles de match en demi-finale, contre une adolescente nommée Steffi Graf (6-1, 6-7, 7-6).

  • Steffi Graf, la prodige de 17 ans

Steffi Graf est née en 1969. En 1982, à l’âge de treize ans, elle devient la plus jeune joueuse de l’histoire à obtenir un classement WTA. Après avoir gagné l’épreuve de démonstration organisée pendant les Jeux Olympiques de Los Angeles en 1984, elle progresse régulièrement, et les résultats ne se font pas attendre. Elle atteint la demi-finale de l’US Oen en 1985, à l’âge de seize ans, battue par la numéro 1 mondiale Martina Navratilova (6-2, 6-3), non sans avoir éliminé la tête de série n°4, Pam Shriver, en quarts de finale (7-6, 6-7, 7-6). En avril 1986, elle était déjà 4e mondiale lorsqu’elle remporte le premier titre de sa jeune carrière, en battant la grande Chris Evert en finale de la Family Circle Cup, à Hilton Head (6-4, 7-5). Quelques mois plus tard, elle passe à un point d’éliminer la presque imbattable Navratilova en demi-finale de l’US Open, mais, malgré trois balles de match, elle s’incline finalement 6-1, 6-7, 7-6. À la fin de l’année, elle est numéro 3 mondiale.

Steffi Graf, Roland-Garros 1989
Steffi Graf, Roland-Garros 1989, Imago / Panoramic

le lieu : Madison Square Garden, New York

Le Masters féminin, officiellement nommé Virginia Slims Championships, a été créé en 1972. Sa première édition à lieu à Boca Raton, en Floride, et le tournoi se déplace ensuite à Los Angeles puis Oakland avant de s’installer pour de bon à New York en 1979. Là, le tournoi se déroule au Madison Square Garden, qui peut accueillir 18 000 spectateurs. En 1994, les 16 meilleures joueuses du monde sont qualifiées pour le Masters, et le tournoi est constitué d’un tableau à élimination directe. Depuis 1984, c’est la seule épreuve féminine où la finale se dispute au meilleur des cinq manches. Martina Navratilova, quadruple tenante du titre, y détient le record du nombre de titres avec pas moins de sept victoires.

Les faits : Intouchable, Navratilova soulève un huitième titre au Masters

En novembre 1986, lorsque débute le Masters, Martina Navratilova est la numéro 1 mondiale incontestée. Depuis 1982, elle n’a laissé sa rivale de toujours, Chris Evert, occuper la première place que pendant 10 semaines. En 1984, elle passe à seulement deux matchs de réaliser le Grand Chelem calendaire – et la même année, elle devient non seulement la première joueuse depuis Margaret Court à détenir les quatre couronnes du Grand Chelem en même temps, mais elle établit également un record incroyable en remportant six tournois du Grand Chelem consécutifs. En 1986, bien qu’ayant perdu en finale de Roland-Garros, elle a porté son total de titres majeurs à 15, et ses statistiques sont des plus impressionnantes : lorsqu’elle entre sur le court pour affronter Steffi Graf en finale, elle est sur une série de 52 victoires consécutives et affiche un bilan de 89 victoires pour trois défaites, ayant remporté 14 tournois sur 17 en 1986.

Lors de leurs cinq premières confrontations, Graf ne s’était imposée qu’une seule fois, et c’était sur terre battue, la surface que Navratilova préférait le moins. Cependant, à l’US Open, la jeune Allemande avait poussé la numéro un mondiale dans ses derniers retranchements, ne s’inclinant qu’au tie-break du troisième set après avoir manqué trois balles de match. 

Mais cette fois, en salle, au Madison Square Garden, où Navratilova a déjà triomphé à sept reprises et était la quadruple tenante du titre, ce fut une autre histoire. Le premier set se conclut par un tie-break serré, mais après que la numéro 1 mondiale l’ait emporté 8-6, concluant le set sur un ace, elle prend définitivement le contrôle du match. Elle prend le service de son adversaire dès le début du deuxième set, et se dirige tranquillement vers un huitième titre au Masters.

“Une fois que j’ai eu deux sets d’avance, je me suis sentie à l’aise”, déclare Navratilova, selon le New York Times. J’ai joué un match solide, rien de spectaculaire, mais pas de trou d’airs. Cette victoire est fantastique.”

”Je fais face à une concurrence plus difficile, et c’est ce qui rend la chose plus gratifiante”, ajoute-t-elle. ”J’ai dû jouer aussi bien, sinon mieux, qu’il y a deux ans.”

La postérité du moment : Graf détrône Navratilova l’année suivante

Martina Navratilova deviendra, selon Billie Jean King, « la plus grande joueuse de simple, de double et de double mixte ayant jamais vécu ». Au cours de l’ère Open, aucun joueur, hommes et femmes confondu, ne gagnera plus de tournois que Navratilova en simple (167) ni en doubles (177), et personne ne remportera plus de matches qu’elle (2189). A l’issue de sa carrière, elle détiendra 18 titres du Grand Chelem en simple, 31 en double et 10 en double mixte, réalisant le Grand Chelem total, qui consiste à remporter les quatre tournois majeurs en simple, double et double mixte. Elle passera en tout 332 semaines à la tête du classement WTA, mais elle ne réussira jamais le Grand Chelem calendaire.

Steffi Graf explosera véritablement en 1987, lorsqu’elle soulèvera son premier trophée en Grand Chelem, après être venue à bout de Martina Navratilova en finale de Roland-Garros. Elle sera vaincue en finale de Wimbledon et de l’US Open par la même Navratilova, qu’elle éjectera cependant, le 17 août, du sommet de la hiérarchie où elle se trouvait presque continuellement depuis 1982. En 1988, l’Allemande accomplira l’un des plus grands exploits de l’histoire du sport : le Grand Chelem Doré. En 1988, l’Allemande, non contente de remporter les quatre tournois majeurs, décrochera également l’or olympique. Elle occupera la place de n° 1 mondiale sans interruption jusqu’à ce que Monica Seles l’en détrône en 1991. Après l’agression de Seles en 1993, Steffi Graf retrouvera le sommet du classement jusqu’en 1997, établissant un nouveau record de 377 semaines passées en tête du classement WTA. En s’imposant à l’US Open 1995, elle deviendra la seule joueuse de l’histoire à avoir gagné chacun des tournois du Grand Chelem à au moins quatre reprises. A sa retraite, en 1999, peu de temps après son dernier titre majeur conquis à Roland-Garros, elle aura remporté un total incroyable de 22 tournois du Grand Chelem.

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