Consensus entre la FFT et les opérateurs privés sur l’avenir du tennis français

Le nouveau président de la FFT, Gilles Moretton, a réuni pendant trois heures une trentaine d’acteurs du tennis français dimanche à Roland-Garros. Le principe d’une collaboration avec les acteurs privés a été rappelé et fait office de nouveau cap.

Gilles Moretton © Panoramic

Il l’avait annoncé jeudi, il a tenu parole : Gilles Moretton, président de la FFT, a réuni ce dimanche à Roland-Garros une trentaine de personnes autour d’une table ronde consacrée à l’avenir du tennis français et à la nécessaire correction de sa politique de formation, dans la foulée du fiasco du tournoi 2021 (aucun joueur et aucune joueuse au troisième tour en simple).

Présentée comme un point de rencontre entre la Fédération et « les académies privées », cette réunion était en réalité un tour de table plus large entre, certes, tous les représentants des structures d’entraînement privées du pays, mais aussi d’anciens joueurs et anciennes joueuses avec fonction officielle (Guy Forget, Sébastien Grosjean, Julien Benneteau…), ou sans (Fabrice Santoro, Pauline Parmentier, Patrick Proisy…). Les principales figures du top management de la FFT (Amélie Oudéa-Castera, Nicolas Escudé, Paul-Henri Mathieu) étaient aussi présentes autour de Gilles Moretton

Tous les invités n’ont pas pu faire le déplacement. Patrick Mouratoglou, fondateur de la Mouratoglou Academy, a pris sa matinée pour s’engager dans ces discussions avant de préparer Serena Williams pour son huitième de finale face à Elena Rybakina. Thierry Ascione (All-In Academy) et Jean-René Lisnard (Elite Tennis Center) n’ont pas réussi à se libérer mais font aussi partie des interlocuteurs de la FFT.

Escudé confirme la fin des conflits de chapelle

Nicolas Escudé, directeur technique national par intérim, a confirmé les intentions manifestées jeudi devant la presse, celle d’une collaboration croissante avec les académies privées et d’une liberté accrue, pour les joueuses et joueurs qui ont un projet de carrière pro, de choisir leur cadre de travail. Ces idées ont fait l’objet d’un consensus global, même si les conditions de déploiement de cette politique technique restent encore à construire. Le simple fait de voir la FFT irriguer son logiciel des idées issues d’un autre vivier que le sien est cependant une rupture, vécue comme telle par les personnes présentes et assumée comme telle par Gilles Moretton.

Le président de la FFT a confirmé une réorientation de la politique fédérale visant à mettre fin à la logique de rivalité entre la direction technique nationale et les autres structures d’accompagnement. Cette logique est à l’origine des principaux dysfonctionnements du système de formation à la française des vingt-cinq dernières années, notamment un manque d’exigence général et de modernité dans l’approche de l’entraînement.

Cette logique conduit aussi à sous-valoriser des techniciens français qui évoluent pourtant actuellement au plus haut niveau mondial. En plus de Patrick Mouratoglou entraîneur de Serena Williams et découvreur notamment de Stefanos Tsitsipas et Cori Gauff, ce propos concerne Gilles Cervarra (entraîneur de Daniil Medvedev), Dorian Descloix (entraineur de Vika Azarenka), Frédéric Lefebvre (préparateur physique de Stefanos Tsitsipas) ou Sam Sumyk (ex-entraîneur notamment de Vika Azarenka quand elle était n°1 mondiale et Garbiñe Muguruza quand elle a gagné Roland-Garros et Wimbledon), entre autres.

Les propos de Jo-Wilfried Tsonga dimanche dans L’Equipe, dénonçant une DTN déconnectée du haut niveau à cause du statut des entraîneurs nationaux, ont été évoqués n’ont pas fait l’objet de commentaires outragés. Tsonga y déclare notamment : « À un moment donné, avec le haut niveau, tu ne peux pas (…) avoir des gens, entre guillemets, en CDI, qui n’ont aucune chance de perdre leur job. C’est une planque, le truc. Une fois que tu as ton job et voire que même ton salaire augmente, c’est terminé. Tu viens sur le terrain avec ta raquette, ça suffit presque. Attention, je ne dis pas qu’ils font tous ça. Mais ça ne pousse pas non plus à la performance. »

Jo-Wilfried Tsonga s’est fendu d’un tweet d’excuses lié au titre de l’article (« Ce n’est pas un métier de fonctionnaires ! »), qu’il estime avec le recul trop dévalorisant pour la fonction publique. Sur le fond de son propos, qui mettent notamment en avant les résultats de la All-In Academy avec Elsa Jacquemot, l’ex-numéro un français ne renie rien malgré l’apport décisif des moyens de la FFT à plusieurs moments-clefs de sa formation et sa carrière.

L’Equipe a aussi publié des extraits d’un audit interne réalisé en 2018 et accablant pour le fonctionnement de la Direction technique nationale. C’est le premier gros sujet proposé à Nicolas Escudé, en phase de préparation de la rentrée 2021. Il sait depuis dimanche matin, plus que jamais, qu’il dispose du soutien de son président et de nombreux alliés externes pour mener une politique sportive de rupture.

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