Pour « faire bouger la culture interne » du tennis français, Francisca Dauzet et Mélanie Maillard prennent en charge le pôle « mental et psychologique » de la FFT

La Fédération française de tennis a officialisé mardi la nomination de l’ancienne préparatrice mentale de Daniil Medvedev et l’actuelle préparatrice d’Ons Jabeur à la tête d’un pôle « sur la dimension mentale et psychologique ». A l’ordre du jour : la révolution culturelle.

Francisca Dauzet et Mélanie Maillard Francisca Dauzet et Mélanie Maillard © FFT

C’est un chantier – gigantesque diront les esprits chagrins – qui a commencé au début du printemps, qui a été officialisé le 16 mai en interne, et qui vient de faire l’objet d’une communication publique : la FFT a décidé d’entreprendre sa révolution culturelle en terme de préparation mentale et a confié un nouveau pôle à deux expertes de la performance en haut niveau, Francisca Dauzet et Mélanie Maillard, toutes les deux Françaises.

Francisca Dauzet, bien connue des lecteurs de Tennis Majors depuis que nous avons raconté en profondeur son travail avec Daniil Medvedev, sera à la tête du pôle avec une mission de direction et de coordination. Mélanie Maillard sera son « binôme » – Dauzet préfère ce terme à celui d’adjointe – au plus près du terrain.

Cette nomination intervient dans le cadre du départ volontaire d’Olivier Béranger, ex-responsable de la préparation mentale à la DTN, et de la mise en place de la nouvelle politique de formation à l’œuvre depuis l’élection de Gilles Moretton à la présidence de la FFT.

Francisca Dauzet est présentée, dans le communiqué de la fédération, comme “psychanalyste et accompagnateure professionnelle de la performance des acteurs du sport de haut niveau” et Mélanie Maillard, comme “psychologue clinicienne”. Les deux femmes ont des itinéraires plus complets et ont notamment un nom dans l’univers du tennis.

Dauzet en pause avec Medvedev

Francisca Dauzet est connue comme la personne qui, dans le staff de Gilles Cervara, a accompagné Medvedev vers le sommet du tennis mondial, même si la collaboration est en pause depuis le début le début de l’année. Elle s’est aussi confrontée à l’univers de la natation, du canoë-kayak, du golf, du rugby, du patinage artistique, du tennis de table ou du tennis en fauteuil. Mélanie Maillard travaille avec Ons Jabeur, sixième joueuse mondiale et présente des références en « golf, surf, et handball ».

Leur but, selon les termes de la FFT et du directeur technique national Nicolas Escudé, est développer un nouveau pôle « dimension mentale et psychologique ». Escudé parle de « donner ses lettres de noblesse » à un aspect de la performance connu pour être considéré de façon très aléatoire parmi les rangs des techniciens français, tout en étant reconnu comme un facteur-clef d’accès au très haut niveau.

Faire comprendre à notre écosystème et aux jeunes notamment que ce travail est nécessaire.

Nicolas Escudé (DTN)

Cette nomination intervient dans un contexte où le sujet de la santé mentale des sportifs professionnels est devenu un sujet très exposé aux yeux du grand public. Dans l’univers du tennis, le forfait de Naomi Osaka à Roland-Garros 2021 et le documentaire de Netflix sur Mardy Fish ont agi comme un électrochoc.

« Le mental s’est imposé comme étant l’une des clés de l’équilibre et de la performance, commente Escudé. Il faut faire comprendre à notre écosystème et aux jeunes notamment que ce travail est nécessaire. Francisca Dauzet et Mélanie Maillard sont deux expertes reconnues qui partagent la même vision que moi. La mission est ambitieuse mais indispensable. » 

Dauzet : “Sortie des idées reçues”

« La mission demande de faire bouger les lignes, la culture et la vision existante autour de la notion du mental, confirme Dauzet dans le communiqué de la FFT. L’ambition est de sortir des idées reçues et de découvrir ce qui peut permettre à chacun de se développer et monter en compétences ».

« L’idée qu’il faut avoir été un ancien joueur est, par exemple, dominante dans le tennis », a confié Francisca Dauzet à Tennis Majors en marge de sa nomination. La fameuse culture de la gagne et de l’auto-motivation pointée par Gilles Simon en 2020 dans son livre fait aussi partie des repères limitants proposés aux joueurs français.

Francisca Dauzet et Mélanie Maillard ont reçu carte quasiment blanche pour organiser ce pôle, définir et appliquer une politique fondée sur la création d’un bagage commun pour toutes les personnes susceptibles d’accompagner les joueurs.

La stratégie aujourd’hui, les résultats demain

Même s’il est précisé que la mission va se déployer « sur les territoires et le haut niveau », le premier aspect de cette formulation est de loin le plus important dans la feuille de route des deux praticienne. Inutile – même si elles ont vocation à orienter tout sportif ou coach exprimant un besoin – d’imaginer Dauzet ou Maillard accompagner Monfils, Humbert, Garcia ou Burel sur le Tour demain matin. L’idée-clef du projet est bien d’acculturer les formateurs, les pôles en région, la DTN et les familles qui le souhaitent à des référentiels communs, aussi bien sur la dimension psychologique (développement harmonieux du projet humain et sportif) que sur la dimension proprement mentale (dépassement au plus haut niveau).

Pour voir des joueurs et des joueuses de tennis français au sommet de leur potentiel mental dans les derniers tours de Grand Chelem, il vous faudra patienter un peu. Comme le répète Nicolas Escudé depuis sa prise de fonctions, les résultats de cette nouvelle approche seront visibles sur des joueurs aujourd’hui âgés de 14 ans ou moins.

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