Un mois qui a changé la face de l’ATP et la WTA : les 10 enseignements du Sunshine Tour

Pendant un mois, d’Indian Wells à Miami, le circuit ATP et WTA a effectué un long voyage au cours duquel il s’est passé énormément de choses. Pour ceux qui avait la tête ailleurs, voici un petit récapitulatif de tout ce que vous avez manqué.

Iga Swiatek, Carlos Alcaraz, Casper Ruud, Naomi Osaka Iga Swiatek, Carlos Alcaraz, Casper Ruud, Naomi Osaka, Miami 2022 (© Panoramic / Tennis Majors)

10. Les Français toujours en retrait

On n’oublie pas, quand même, la victoire de Gaël Monfils sur Daniil Medvedev (alors encore au sommet du classement ATP) à Indian Wells, la deuxième de sa carrière sur un numéro un mondial en exercice. Mais un seul “petit” huitième de finale à se mettre sous la dent pour Gaël, comme pour tout le clan français, sur l’ensemble de la tournée américaine, c’est trop peu. Bien trop peu.

Monfils, 35 ans, reste toutefois celui qui surnage un peu à l’issue d’un premier trimestre globalement assez positif pour lui. Pour le reste, même s’il faut noter aussi les deux tours passés par Benjamin Bonzi à Indian Wells et Hugo Gaston à Miami, ce fut un peu morne plaine. Encore plus chez les filles où Caroline Garcia, malgré deux bons matches joués à Indian Wells, est ressortie blessée au pied de sa tournée.

9. Fritz, Brooksby, Paul… Les Américains bombent le torse

Si les Français semblent englués dans leur mal-être, les Américains sont eux lancés sur une dynamique intéressante. Au-delà évidemment de la victoire de Taylor Fritz à Indian Wells, premier joueur US à décrocher un Masters 1000 depuis John Isner à Miami en 2018 et désormais aux portes du top 10 (4e à la Race), on a vu de belles choses chez de jeunes joueurs comme Jenson Brooksby ou Tommy Paul (respectivement tombeurs de Tsitsipas et Zverev à Indian Wells), voire Sebastian Korda qui a bien failli battre Nadal.

@AI / Reuters / Panoramic

Ils sont désormais sept joueurs américains dans le top 50 et le plus intéressant c’est que six d’entre eux ont moins de 25 ans (avec aussi Reilly Opelka et Frances Tiafoe). A suivre…

8. Osaka et Kyrgios ont retrouvé le sourire

L’an dernier, ils étaient l’un et l’autre quasiment donnés perdus pour le tennis, engoncés dans un profond mal-être et redescendus dans les abîmes du classement. Mais Naomi Osaka et Nick Kyrgios ont réussi à remonter la pente, la première en se mettant à voir une psychothérapeute, le second en faisant le ménage dans sa vie personnelle.

Résultat : ils ont tous deux retrouvé un tennis beaucoup plus digne d’eux-mêmes, surtout à Miami pour Osaka qui a atteint la finale tandis que Kyrgios a menacé Nadal en quarts à Indian Wells et étrillé (notamment) Rublev à Miami. L’un et l’autre ont certes fini par être rattrapés par leur manque de victoires. Mais tant qu’ils ne le sont pas par leurs mauvais démons, c’est l’essentiel. Et c’est une excellente nouvelle pour le tennis.

7. Norrie est top 10

Fidèle à lui-même, le Britannique Cameron Norrie n’a pas fait beaucoup de bruit mais il a fait preuve de régularité sur cette tournée américaine, quart de finaliste à Indian Wells (battu par Alcaraz) – dont il était le surprenant tenant du titre – et huitième de finaliste à Miami (sorti par Ruud).

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Cameron Norrie va intégrer le club VIP du top 10 ce lundi 4 avril (© AI / Reuters / Panoramic)

Sa constance d’un bout à l’autre de la saison et sa capacité à perdre très rarement sur des joueurs moins bien classés que lui permet au joueur britannique d’intégrer le top 10 pour la première fois de sa carrière. Une superbe récompense pour un joueur un peu trop sous-estimé.

6. Ruud et Kecmanovic ont pris le relais de la Next Gen “traditionnelle”

Les principaux représentants de la Next Gen, du moins ceux traditionnellement voués à prendre le pouvoir ou identifiés comme tel, ont globalement déçu sur cette tournée. Notamment Alexander Zverev et Stefanos Tsitsipas, qui n’ont pas fait mieux qu’un quart et un huitième de finale à Miami. Andrey Rublev, inarrêtable en février, a connu un coup d’arrêt après sa défaite en demies à Indian Wells – ce qui n’est déjà pas si mal – tandis que Matteo Berrettini avait l’excuse d’être blessé, puisqu’il s’est fait opérer à la main.

Mais la principale déception reste Felix Auger-Aliassime, qui n’a pas gagné un seul match de la tournée, ce qui tranche avec ses belles dispositions affichées en début de saison. Son compatriote Denis Shapovalov a fait à peine mieux, mais avec lui, on est plus habitué aux dents de scie.

Résultat : membres émérites mais beaucoup moins connus de cette jeune génération, le Norvégien Casper Ruud, finaliste pour la première fois en Masters 1 000 (à Miami), et le Serbe Miomir Kecmanovic (quart de finaliste en Californie comme en Floride), auxquels ont pourrait peut-être rajouter le Polonais Hubert Hurkacz (même s’il a perdu son titre à Miami), en ont profité pour sortir de l’ombre.

Et vu le niveau qu’ils ont affiché, ce n’est sans doute pas un feu de paille.

5. Nadal et Medvedev sont “out”

Ce sont deux des principaux perdants de la tournée US, surtout Daniil Medvedev dépossédé de la place de numéro un qu’il occupait encore à Indian Wells (battu rapidement par Monfils), et qu’il n’était qu’à un match de récupérer à Miami s’il avait atteint les demies (battu par Hurkacz).

Mais le plus grave encore est que Medvedev en est ressorti blessé, gêné par une hernie inguinale qu’il a décidé de faire opérer sur le champ, quitte à faire une croix sur la saison sur terre battue (un mois ou deux d’absence estimée). Une mauvaise période décidément pour le Russe, dont on ne sait à quel point le mauvais souvenir de sa finale perdue en Australie et le contexte international pèsent dans son esprit, rejaillissant sur son physique.

Pour Nadal, tout allait pour le mieux jusqu’à sa finale à Indian Wells, lancé sur le plus beau début de saison de sa carrière (20 victoires d’affilée). Mais une côte fêlée à la fin de sa demi-finale contre Alcaraz, et probablement une trop grande insistance en finale contre Fritz (mais on ne se refait pas…), lui ont coûté une absence estimée de quatre à six semaines. Si son retour reste pour l’heure prévu en mai, ses aficionados tremblent, déjà, en vue de Roland-Garros…

4. Djokovic reprend les commandes sans jouer

Privé de tournoi américain – comme de l’Open d’Australie en début de saison – en raison de son (non) statut vaccinal, le Serbe a néanmoins profité du double faux pas de Medvedev pour reprendre sans jouer la place de numéro un mondial, place à laquelle il attaque sa 364e semaine.

Et vu qu’il s’apprête à faire son retour à Monte-Carlo, que Nadal et Medvedev sont “out” pour le moment et qu’il a une avance confortable sur les autres, il peut tranquillement viser le record, hommes et femmes confondus, de Steffi Graf : 377 semaines au total…

3. Barty est partie

Ce fut, évidemment, LA bombe annoncée pendant cette tournée, le 23 mars dernier, au début du tournoi de Miami : à 25 ans, numéro un mondiale avec une avance abyssale sur ses rivales et victorieuse en début d’année de l’Open d’Australie, Ashleigh Barty décidait de se retirer en pleine gloire de la vie tennistique.

Si d’aucuns se doutaient bien que l’Australienne n’aurait pas été du genre à jouer jusqu’à 40 ans, son annonce a tout de même pris tout le monde de court et phagocyté pendant quelques jours l’actualité du tennis féminin. Et puis a surgi Iga…

2. Swiatek est la nouvelle taulière à la WTA

Parachutée quasiment du jour au lendemain n°1 mondiale après que Barty a demandé d’être retirée de la liste – il lui fallait tout de même gagner a minima un match à Miami pour le valider officiellement -, Iga Swiatek a magnifiquement assumé cette épineuse situation en triomphant en Floride deux semaines après en avoir fait de même à Indian Wells.

La Polonaise est ainsi devenue la quatrième joueuse de l’histoire à réaliser le “Sunshine doublé” (après Steffi Graf, Kim Clijsters et Victoria Azarenka) tout en démontrant un niveau de jeu et surtout une constance dans les résultats dignes d’une patronne. En fait, elle a aussitôt tué dans l’œuf les éventuelles remises en question de son nouveau statut. Aujourd’hui, plus personne ne saurait lui dire qu’elle est devenue n°1 par défaut.

1. Carlos Alcaraz est l’actuel meilleur joueur du monde

Bien sûr, cette information est à tempérer, ou plutôt à mesurer à l’aune des absences de Djokovic et désormais Nadal et Medvedev. Mais c’est mathématique : l’Espagnol est le joueur qui a pris le plus de points sur l’ensemble de la tournée américaine puisqu’après sa demi-finale à Indian Wells, il a enchaîné par un titre à Miami dont il est devenu, à 18 ans et 11 mois, le plus jeune vainqueur.

Depuis le début de la saison, le Martien de Murcie n’a perdu que deux matches (pour désormais 18 victoires), ce qui lui vaut d’être n°2 mondial à la Race (!) et tout près du top 10 au classement technique (11e). Une barrière qu’il devrait sans aucun doute faire sauter lors des prochaines semaines sur terre battue, tant il ne semble plus avoir de limites.

Avec Iga Swiatek, mais dans des proportions plus fracassantes encore, il est en tout cas LE grand vainqueur de cette tournée US. Celui qui aura crevé l’écran, du début à la fin. Et définitivement éclos dans le monde des géants.

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