Naomi Osaka en 2021 : Un brillant quatrième titre en Grand Chelem, puis le trou noir

Naomi Osaka a connu une lente descente aux enfers en 2021. Après avoir remporté son quatrième titre du Grand Chelem à l’Open d’Australie, elle a secoué le monde du sport en révélant souffrir d’épisodes dépressifs et d’une anxiété sociale à Roland-Garros. La Japonaise a finalement arrêté prématurément sa saison après l’US Open.

Naomi Osaka, 2021 © Zuma / Panoramic

Naomi Osaka a débuté l’année à la troisième place mondiale pour la terminer hors du top 10. La Japonaise a tout vécu au cours de cette saison. De la gloire d’un quatrième titre du Grand Chelem conquis à l’Open d’Australie à ses larmes à l’US Open après sa défaite contre Leylah Fernandez, en passant par son retrait de Roland-Garros suite aux polémiques nées de sa décision de ne pas se présenter en conférence de presse pour préserver son équilibre psychologique.

Première joueuse et joueur de tennis à allumer la vasque olympique, la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques organisés dans son pays a montré, une fois de plus, que Naomi Osaka était une super star, dont la voix dépasse largement le monde du tennis.

  • Le classement d’Osaka fin 2020 : 3e
  • Le classement d’Osaka fin 2021 : 13e
  • Le bilan victoires / défaites 2021 d’Osaka : 18 / 6
  • Les titres d’Osaka en 2021 : 1 (7 en carrière)
Naomi Osaka - Open d'Australie 2021
Naomi Osaka, Open d’Australie 2021, © Panoramic

LA MEILLEURE PERFORMANCE D’OSAKA : UN DEUXIEME TITRE DU GRAND CHELEM CONSECUTIF A MELBOURNE

Naomi Osaka a débuté l’année comme elle avait terminé la saison précédente, c’est-à-dire en patronne sur surface dur. Elle s’est imposée à l’Open d’Australie, remportant 20 victoires consécutives, dont celles acquises lors de son sacre à l’US Open 2020.

Entre les deux, elle a atteint les demi-finales du Melbourne Summer Series en guise de tournoi de rentrée, mais elle a déclaré forfait en raison d’une douleur à l’épaule, afin de se préserver pour le premier Grand Chelem de l’année. Son choix s’est révélé judicieux puisqu’elle a remporté son deuxième Majeur consécutif, portant son total à quatre. Elle est seulement la deuxième femme dans l’ère Open à remporter ses quatre premières finales de Grand Chelem (Monica Seles est à 6).

LE MEILLEUR RÉSULTAT D’OSAKA EN GRAND CHELEM : CE TITRE A L’OPEN D’AUSTRALIE

A Melbourne, Osaka a montré qu’elle était bel et bien la joueuse à battre sur dur et la prétendante à la place de numéro 1 mondiale. Sa grande rivale, Serena Williams en demi-finale, maîtrisée 6-3, 6-4, puis Jennifer Brady en finale, dominée presque sur le même score de 6-4, 6-3 sont apparues en manque de solutions.

Seule Garbine Muguruza l’a poussée dans ses retranchements et était même tout proche de l’éliminer en huitième de finale. La Japonaise a sauvé deux balles de match dans la troisième manche sur son service avant de débreaker (4-6, 6-4, 7-5).

Naomi Osaka at the 2021 US Open
Naomi Osaka, US Open 2021, © AI / REUTERS / PANORAMIC

LE MEILLEUR MOMENT DE SA SAISON : DERNIER RELAIS DE LA FLAMME OLYMPIQUE

Outre son succès quatrième succès en Grand Chelem en début d’année, Naomi Osaka a vécu un moment particulièrement fort cette saison lorsqu’elle a allumé la vasque olympique des Jeux Olympiques de Tokyo à l’occasion de la cérémonie d’ouverture. C’est la première fois de l’histoire qu’une joueuse ou un joueur de tennis a accompli l’ultime relais de la flamme olympique.

« C’est sans aucun doute le plus grand accomplissement sportif et le plus grand honneur que j’aurai eu dans toute ma vie. Je n’ai pas de mots pour décrire mes sentiments en ce moment, mais je sais que je suis actuellement remplie de gratitude et de reconnaissance. Je vous aime tous, merci. »

Osaka avait fait des Jeux Olympiques l’un des objectifs de sa saison alors que la compétition se déroulait dans son pays, où elle est une immense star, sur sa surface favorite. Après deux premiers tours maîtrisés, elle s’est inclinée à la surprise générale en huitièmes de finale face à la Tchèque Marketa Vondrousova (6-1, 6-4).

LE PIRE MOMENT DE SA SAISON : LE RETRAIT DE ROLAND-GARROS, SA DÉTRESSE À L’US OPEN

La transition sur terre battue a été fatale à Naomi Osaka. Son formidable relâchement et sa sérénité se sont brusquement évanouis. A son arrivée à Roland-Garros, elle n’avait que trois matchs dans les jambes sur brique pilée, pour une seule victoire (sur Misaki Doi à Madrid).

Trois jours avant le coup d’envoi du Grand Chelem, Naomi Osaka a annoncé sur les réseaux sociaux qu’elle ne participerait pas aux conférences de presse, jugées nocives pour sa santé mentale. La sportive alors la mieux payée au monde, selon Forbes, préférait payer l’amende de 20.000 dollars pour non présentation. Sa décision a suscité de vives réactions y compris par ses pairs.

Les quatre tournois du Grand Chelem l’ont menacée de disqualification voire de suspension pour son refus d’assumer ses obligations médiatiques. Après sa qualification pour le deuxième tour, la Japonaise, alors numéro 2 mondiale, a choisi de se retirer du tournoi révélant des épisodes dépressifs et une anxiété sociale.

Après Roland-Garros, Osaka n’a disputé que trois tournois : les Jeux Olympiques, Cincinnati et l’US Open. A l’occasion de sa première conférence de presse depuis Roland-Garros à Cincinnati, elle a fondu en larmes en évoquant sa relation avec les médias.

Puis, à l’US Open, où elle était tenante du titre, elle s’est livrée davantage sur la pression qui pèse sur ses épaules. Sa défaite au troisième tour en trois sets face à la Canadienne de 18 ans Leylah Fernandez, alors qu’elle avait servi pour le match, a signé la fin de sa saison. Dans sa conférence d’après-match, elle a fait part de sa frustration, de son manque de plaisir sur le court et a annoncé qu’elle voulait se retirer pendant un moment.

NAOMI OSAKA HORS DU COURT

A Cincinnati, Osaka a annoncé qu’elle reverserait la totalité de ses gains aux victimes du séisme d’Haïti, survenu le 14 août et qui a fait plus de 2200 morts dans le pays d’origine de son père. Après avoir soutenu le mouvement Black Lives Matter en portant avant chaque match des masques aux noms des victimes de violences policières aux Etats-Unis lors de l’US Open 2020, elle a à nouveau utilisé sa notoriété pour soutenir les causes auxquelles elle croit.

Cet été, peu avant les Jeux Olympiques, elle est devenue la première Haïtienne et Japonaise à poser en couverture du magazine Sports Illustrated. Elle a également fait la une de Vogue Japan et Time Magazine, dans lequel elle a signé une tribune sur l’anxiété et la dépression.

Un docu-série Netflix lui a été consacré et est sorti cet été. Cette omniprésence dans les médias a fait l’objet de critiques, auxquelles Osaka a répondu en expliquant que ces photos avaient été prises l’an passé.

Naomi Osaka a lancé KINLÒ en 2020, une marque axée sur la mission qui met les personnes à la peau mélangée au premier plan des débats sur les soins de la peau. Elle continue à défendre cette conviction à travers le dernier photo reportage de sa marque, datant de décembre 2021. Dans le spot, Osaka rejoint un groupe de personnes diverses qui s’ouvrent à l’idée d’apprendre à accepter leurs différences et à aimer leur peau.

OSAKA EN 2021 PAR OSAKA

« J’ai envie de sentir que je joue pour moi-même », a expliqué la jeune femme sur HBO. « J’avais l’impression qu’on m’avait enlevé ça, je ne jouais plus pour me rendre heureuse, j’étais surtout préoccupée par ce que les gens allaient dire de moi si je gagnais ou perdais. J’étais habitué à aimer la compétition. Plus un match était long, plus je m’amusais. Et puis, récemment, j’ai commencé à ressentir l’inverse. Plus c’était long, plus je stressais. »

J’étais surtout préoccupée par ce que les gens allaient dire de moi si je gagnais ou perdais.

Naomi Osaka

« J’avais besoin d’une pause pour me ressourcer et retrouver ce qui me motivait », a ajouté la Japonaise. « Je joue au tennis depuis que j’ai trois ans, bien sûr que j’adore ce sport et que je vais continuer. Je vais probablement reprendre les tournois bientôt… En jouant pour moi-même. »

L’AVIS DE TENNIS MAJORS

Naomi Osaka a commencé l’année en trombe et on se demandait alors combien de Grand Chelems elle pourrait bien remporter tant elle semblait dominatrice. Mais ses problèmes d’anxiété l’ont rattrapée et la pression qu’elle subit a fini par éclater au grand jour. Alors qu’elle manque de repères sur terre battue et sur gazon où elle n’a pas encore remporté le moindre titre, son retrait de Roland-Garros et son forfait à Wimbledon ne lui ont pas permis de poursuivre sa quête de constance.

A 24 ans, Osaka a déjà 4 Grand Chelems au palmarès. Avec son intelligence et son immense talent, on ne doute pas de sa capacité d’adaptation aux autres surfaces. Encore faut-il qu’elle puisse retrouver le plaisir et l’insouciance qui l’animaient par le passé. On espère qu’elle pourra se délester du poids des attentes, des sollicitations liées à son statut de superstar et de porte-voix de causes politiques et sociétales, parfois bien lourdes pour une seule personne.

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